Le 14/04/2021

SOUVENIRS & NOSTALGIE. Au carrefour des ambitions

21 janvier 2016. L'agencement des saisons enchaînées intègre un vrai cycle de progression de l'US Concarneau. L'architecte d'intérieur, Nicolas Cloarec a toujours été dans la mesure de ses propos, respectant un souci d'équilibre et de hiérarchie évitant toute "enflammade". L'année 2012/2013 a été la première rampe de lancement de la fusée, avec la validation du tampon CFA. " On est maintenant devenu une équipe de CFA", avait affirmé en mémoire à cette date pour la première fois, le coach Thonier. Presque trois ans après, ce leitmotiv n'a pas dévié. Concarneau aspire maintenant à être plus qu'une équipe de CFA. Intéressant aussi à ce point de vue, l'avis de Claude Robin, le coach Troyen de ligue 1. " Aujourd'hui, Concarneau est reconnu par le monde professionnel. Sincèrement, je ne connais pas beaucoup de clubs pros qui voudraient jouer Concarneau sur leur terrain en coupe de France". Une phrase évocatrice et révélatrice de la nouvelle dimension prise par les Thoniers sur ces trois dernières années.

La différence CFA/L1 s'est faite, ce mercredi soir, à Guy Piriou.

Dans un entretien d'avant-match, Nicolas Cloarec privilégie toujours cette importance du contexte précis remis dans un ouvrage global. Il ne détache jamais un évènement mais établit un cahier des charges de progression interne de son groupe, synonyme de moment pour passer les palliers sportifs. A l'instar d'un match où l'accentuation d'un pressing ou d'une domination est faite à des temps déterminés à l'avance. Concarneau est à une croisée des chemins. Dépassé par un succès maison, devenu trop grand pour l'ensemble des clubs amateurs bretons, mais encore trop petit pour lutter à arme égale face à des formations professionnelles. Cette navigation entre deux courants devra automatiquement être temporaire.

L'ensemble du bureau avec Jacques Piriou à sa tête et Nicolas Cloarec sont des bâtisseurs. Ils synthétisent au maximum pour apporter une plus-value constante donnée aux installations (fosse synthétique, rénovation complète du club-house...) ou à l'effectif (contrats fédéraux de Moustapha N'Doye ou Yven Moyo avec l'acceptation du groupe des joueurs). Le scalp de la première ligue 1 n'a pas été accroché à Guy-Piriou. En 90 minutes, Troyes a fait passer un message aux Concarnois, celle d'une équipe pas forcément brillante mais létale dans ses piqûres de venin. L'absence de Guillaume Jannez, leader naturel de cette équipe concarnoise, a joué un rôle important, mis en lumière par les propos du capitaine d'un soir, Jérémy Drouglazet. Son impact est tel qu'il rassure ses partenaires et donne la mesure d'une attitude " Made in USC" à avoir sur le terrain.

Par rapport à Guingamp, Dijon ou Niort à Guy-Piriou, les spectateurs n'ont pas senti cette emprise physique, ni ce magnétisme avec le public. L'alchimie n'a pas fonctionné car ce subtil dosage, indicible et difficile à décrire par des mots, ne s'est pas opéré. L'adversaire a été intelligent dans sa façon d'aborder ce rendez-vous crucial. En mettant un mirage d'endosser le rôle du petit, Troyes a pris Concarneau à revers en se déchargeant d'une partie de la grande pression qu'il ressentait forcément. Contrairement à leur nature joueuse, les Aubois ont placé les banderilles en contre-attaque mais leur défense pouvait à tout moment casser ce protocole de vestiaires. Si la charnière centrale Troyenne a été sereine et efficace, la prestation des latéraux visiteurs a porté à confusion, avec des dégagements de panique plein axe, déconseillé par tous éducateurs aux enfants de l'école de football.

Troyes est qualifié pour les 8ème de finale de la coupe de France. Concarneau ressassera ses regrets d'avoir été dans la réaction et non dans l'action. " La page coupe de France est définitivement tournée", jugeait Nicolas Cloarec. Dans les mots de Jérémy Drouglazet ou Yven Moyo, la volonté du franchissement de la haie CFA est évidente. Ca sera une étape importante dans la construction et la vie du club. Les quatre prochains mois valideront des années d'effort pour se porter à niveau CFA et aujourd'hui être en mesure de le dépasser. La force de Concarneau réside dans un esprit collectif au-dessus de la moyenne. Or, sur le match de Troyes, alors que les Thoniers devaient indiquer à tout un peuple son aptitude à transmettre cette potion magique intérieure, l'équipe a semblé désunie par moment.

Les exploits de soliste n'ont pas été récompensés, un manque de solutions autour du porteur de balle par moment, une recherche persistante du jeu long et des centres mal ajustés annihilant des bonnes phases de lancement. Cette fameuse avant-dernière et dernière passe a été bafouée ou balbutiée par les joueurs offensifs concarnois. Le constat avec le joueur Troyen Benjamin Nivet, 39 ans, a été saisissant avec sa passe parfaite pour le second but troyen. Concarneau ne s'en est sorti que par la force de se faire violence par moment. Cette grâce du caractère a ébloui la phase aller de la poule D de CFA. En tête, après 15 journées avec 52 points, Concarneau se situe à un carrefour de ses ambitions. Aujourd'hui, Concarneau est connu et reconnu à un plan national comme l'affirmait Claude Robin, essentiellement à travers la coupe de France mais pas encore le championnat.

Il faut savoir que le championnat national te tue si tu y restes

A ce titre, Guingamp et Auxerre, à taille humaine comparable à Concarneau, sont les deux exemples à suivre pour les Thoniers. En 1973, Guingamp (DSR) s'est révélé à la France du football en sortant plusieurs D2 avant de tomber contre Rouen en 8ème de finale de la coupe de France (D2). L'AJ Auxerre de Guy Roux s'est servi de la coupe de France comme d'un tremplin pour le championnat. Les joueurs du regretté capitaine Serge Mesonès (D2) avaient atteint la finale de la coupe de France en 1979 après avoir sorti au passage le Stade Quimpérois en 16ème finale (0-0, 0-1). Ces deux clubs ont ensuite transformé l'essai en atteignant le plus haut niveau national, voir même Européen pour le club Icaunais.  

Deux contres-exemples ensuite avec l'US Quevilly ou de Calais qui ont connu les projecteurs avec deux finales de la coupe de France jouées avant de retomber dans un quotidien plus terre à terre, forcément moins emballant. Dans quel train montera Concarneau? " Le danger est aujourd'hui de trop se projeter. Ces matchs face à des clubs professionnels nous servent à élever notre niveau de jeu et a démontré si nous avons retenu les leçons du passé. Si nous parvenons à monter en national, nous devrons nous poser les bonnes questions. J'ai confiance en mon président et au bureau pour nous armer financièrement dans ce cap. Il faut savoir que le championnat national te tue si tu y restes. Il ne faut pas y rester plus de quatre à cinq ans à ce niveau fédéral", précise Nicolas Cloarec. Un oeil dans le rétroviseur pour mesurer l'immense chemin accompli, un autre porté à l'horizon pour prendre conscience de l'énorme restant à accomplir, l'US Concarneau avance à son rythme, tout en fortifiant un état d'esprit amateur, ciment de ses racines et consolidateur de ses espoirs d'ascension.

Christophe Marchand

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